Regarder est un acte d’amour è una selezione di poesie tradotte da Paola Casadei per la rivista francese “Notos”.
Regarder est un acte d’amour
a cura di Paola Casadei
Vorrei conoscere lo spazio limitato
tra la carne e le ossa, il reticolato
stridente di nervi organi e arterie.
Sopravvivere di nostalgia – del vissuto
o del non vissuto – quasi a non capire
la nostra inspiegabile verticalità o la materia
grigia e incolume del nostro cervello
è come trovare in buchi d’aria malferma
speranza o, peggio, salvezza.
Vorrei capire il segreto del sangue,
l’espansione dei globuli bianchi, i calchi
del volto, il piacere umorale.
L’occhio che visita il mondo
riflette – e stona – noi stessi
falsifica, turba, crea spazi inodori
e incomprensibili vuoti. Divorare
uomini e cose ci rende muti,
mutevoli, incolumi al reale dolore.
Je voudrais connaître l’espace limité
entre la chair et les os, le réseau
strident de nerfs organes et artères
survivre de nostalgie – du vécu
ou du non vécu – presque ne pas comprendre
notre inexplicable verticalité ou la matière
grise et indemne de notre cerveau,
comme trouver dans des trous d’air instable
espoir ou, pire encore, salut
je voudrais comprendre le secret du sang,
l’expansion des globules blancs, les moulages
du visage, le plaisir humoral
l’œil qui visite le monde
reflète – et sonne faux – nous-mêmes
falsifie, trouble, crée des espaces inodores
et des vides incompréhensibles – dévorer
hommes et choses nous rend muets,
changeants, indemnes à la réelle douleur.
***
(sangue)
vivere o morire
in questa città
che è un tappeto di macchine
è una questione di stile,
una scelta di cuore
lo stupro condominiale
di luoghi e di lingua
ci ricorda il disastro
delle nostre periferie
tu gridi e rantoli
con voce bassa, sottesa;
nella tua trasfusione di sangue
non voluta e obbligata
c’è un rosso apolitico
e profondamente umano
i treni regionali sono sempre in ritardo
ma l’alta velocità (lounge la chiamano)
ci porterà ovunque:
ma dove dobbiamo,
non dove vogliamo
(sang)
vivre ou mourir
dans cette ville
qui est un tapis de voitures
c’est une question de style,
un choix de cœur
le viol copropriétaire
de lieux et de langue
nous rappelle le désastre
de nos périphéries
tu cries et halètes
à voix basse, sous-tendue ;
dans ta transfusion de sang
non voulue et obligée
il y a un rouge apocalyptique
et profondément humain
les trains régionaux sont toujours en retard
mais la haute vitesse (lounge on l’appelle)
va nous amener partout :
mais où nous devons,
pas où nous voulons.
***
idroscalo di ostia
La torre s’alza elegante e forte
il cane senza una zampa non morde,
né abbaia né rantola: osserva.
Non ci sono turisti,
eppure è Michelangelo penso,
soltanto erbaccia, fango, marane
un magazzino, una piccola fabbrica,
una fermata dell’autobus,
una strada che curva,
l’odore di mare, lontano
di fogna, vicino.
Sul sentiero di legno
si seguono uccelli,
c’è un nido, poi un altro,
un altro ancora: una madre
s’alza, in alto, e riscende,
nell’acqua marrone, trova il cibo
e sfama i suoi figli.
C’è un cancelletto, è chiuso,
scavalco, alle spalle la torre
negli occhi le piccole onde,
la gialla radura, la ghiaia.
Un mondo d’amore
non in un parco, in una scultura
in versi incisi sulla pietra
ma in tutto quello che è intorno:
nel luogo che fu, che è ora e che forse sarà
nel nuovo porto marittimo,
nella città che avanza e tutto divora.
Un rimessaggio accoglie le barche dei ricchi,
borghesi estensioni dell’essere,
dormienti e pacate sono sul letto
di pece e di acqua, ascoltano il vento.
Il Tevere esonda, anche quest’anno,
di nuovo:
Protezione civile in allerta: situazione sotto controllo, ma strade allagate.
Ancora niente, si spera.
E domenica attesa piena record. L’acqua è passata sopra le barriere frangiflutti che costeggiano gli argini
Porta via tutto, mio fiume,
le baracche, i sentieri, gli uomini, le bestie
quel giorno di venticinque anni fa, i successivi discorsi,
l’Italia
in mare, affondo, più giù.
Ancora più giù.
Hydrobase d’Ostie
la tour se lève élégante et forte
le chien sans une patte ne mord pas,
ni aboie ni halète : il observe.
Il n’y a pas de touristes,
pourtant c’est Michel-Ange je pense,
seulement mauvaise herbe, boue, douves
un entrepôt, une petite usine,
un arrêt du bus,
une route qui tourne,
l’odeur de mer, lointain
d’égout, proche.
Sur le chemin en bois
les oiseaux se suivent,
il y a un nid, puis un autre,
un autre encore : une mère
se lève, en haut, et redescend,
dans l’eau brune, elle trouve de quoi manger
et nourrit ses enfants.
Il y a un portillon, il est fermé,
je saute, dans le dos la tour
dans les yeux les petites vagues,
la jaune clairière, le gravier.
Un monde d’amour
non dans un parc, dans une sculpture
en vers gravés dans la pierre
mais dans tout ce qui est alentour :
dans le lieu qui fut, qui est en ce moment et qui peut-être sera
dans le nouveau port maritime,
dans la ville qui avance et tout dévore.
Un dépôt accueillit les bateaux des riches,
bourgeoises extensions de l’être,
endormies et calmes elles sont sur le lit
de poix et d’eau, elles écoutent le vent.
Le Tibre déborde, cette année encore,
une fois de plus :
Protection civile en alerte : situation bien en main, mais rues inondées.
Encore rien, on espère.
Et dimanche une crue record est attendue. L’eau est passée au-delà des barrières brise-lames qui longent les berges
Emporte tout, mon fleuve,
les cabanes, les chemins, les hommes, les bêtes
ce jour d’il y a vingt-cinq ans, les suivants discours,
l’Italie
en mer, je coule, plus bas.
Encore plus bas.
***
Guardare è un atto d’amore,
l’unico di cui sono capace.
Regarder est un acte d’amour
le seul dont je suis capable
Présentation par Paola Casadei
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